C’est une côte sauvage et belle, qui ne s’offre pas à la porte de l’avion, qui se mérite un peu, qui n’en est que plus merveilleuse. Ici le tourisme de masse n’existe pas et n’existera pas de sitôt. Combien de vazahas avons nous croisé en un mois ? Ils tiennent sur les doigts de deux mains, et encore, ce n’est pas sur. Combien de lieux d’acceuil, gites, chambres d’hôtes, lodges, hotels… une douzaine. C’est dire l’affluence. Quand nous y avons fait des haltes nous avions les plages pour nous. Sensation surréaliste d’être seuls au monde, Robinsons perdus sur cette frange coralienne ! Nous aurions pu être des naufragés portugais du 17e siècle, les plages et les choses vues n’auraient pas été très différentes. Pour nous il n’y avait pas de changement entre notre aventure et ces haltes confortables, hormis …le confort. Qu’il y ait si peu de voyageurs sur cette côte nord de Tulear est pour nous une énigme. Quand on sait l’encombrement mauricien ou réunionnais. Il suffit d’atterrir à Tulear et soit le transfert est organisé par votre lieu d’accueil, soit vous louez un véhicule, voiture, quad, moto…. charrette et vous vivrez une sacrée aventure. Pourquoi je vous écris cela ? me suis-je transformé en VRP touristique ? Y ai-je un intérêt ? Non, c’est par sympathie pour tous ces hôtes qui manquent cruellement de visiteurs et dont la situation financière est un peu tendue. Ils ont un cadre enchanteur et se battent pour conserver leur outil de travail en état et leur main d’oeuvre opérationnelle, mais peu de gens savent qu’ils existent. C’est juste pour partager les intenses moments de bonheur et de repos que nous avons vécu lors de cette descente vers Tulear, sur une piste sablonneuse difficile pour la charrette, mais très praticable en 4×4. Et vous donner envie d’y faire un tour vous même un jour. Le lagon Saphir, n’attend que vous !
Voilà la direction, quand vous atterrissez à Tulear, c’est simple, vous allez vers le nord ! Francesco est arrivé il y a 26 ans ici a Salary. Il connait chaque patate de corail du lagon. Il conserve même en secret la position d’une épave inconnue… Allez le faire parler ! il adore ça !
Ses marins Vezo, expérimentés m’ont fait découvrir l’extraordinaire vélocité de leur pirogue traditionnelle. Je n’ai d’ailleurs jamais vu une embarcation traditionnelle aussi performante ! Phénoménal !
Clara, son épouse, a une botte secrète : un carpaccio de poisson à se damner ! Ils ont des bungalows bien dispersés sur la dune où l’on se sent comme dans une retraite monastique : zen et léger, libre et contemplatif. la sirena del mar à Salary. Tarifs backpackers, bikers, quads, routards.
Francesco, c’est le jean de Florette local : il a trouvé une source d’eau douce, trésor le plus précieux sur cette côte !
une piscine de 5 m3 d’eau douce juste sous la couche calcaire ! Sur toute la côte l’eau est souvent saline.
Vétéran du tourisme et zanatany (malgache originaire de Fianarantsoa), Philippe Cotsoyannis et sa femme Michèle sont parvenus à construire dans ce bout du monde une structure hôtelière de standard international pour accueillir une clientèle exigeante. Vous pouvez même y atterrir en avion privé. Amateurs de plongée précipitez vous ! je ne connais pas d’endroit sur terre ou l’on puisse en trois plongée, plonger sur trois épaves de trois siècles différents dans la zone des 15 mètres. Et être seul avec le moniteur !
Quant à la cuisine : elle est gastronomique !
C’est sur leur terrain que l’association humada.org a construit un centre de santé et prévoit cet été la construction d’une salle chirurgicale, car l’hôpital le plus proche est l’hôpital italien d’Andavadoaka à 5 h de piste difficile de là ! Ou celui de Tulear à 4h vers le sud. Le mois dernier 4 personnes sont mortes fautes de pouvoir être opérées ou transportées…
Plongée à 34m pour Sonia qui retrouve ses marques. Les gros poisson espérés n’étaient malheureusement pas au rendez-vous.
Mais les 60 canons de la Nossa Senora do Monte Do Carmo, ne bougeront pas de sitot, gisant dans 7m d’eau depuis l’aube du 8 août 1774, quand ce galion portugais en provenance de Salvador de Bahia et en route pour Goa où il allait livrer les canons du fort, s’est crevé instantanément en touchant le récif.
Des bouches de canons qui n’ont jamais craché le feu.
Les plongeurs sont invités à devenir archéologues et rapporter des vestiges dans le petits musée du club.
De quoi faire naître des vocations !
les traces que nous laissons derrière notre charrette sont bien plus éphémères. Ici la jonction entre mes bandages de pneu
Le long de cette côte ont été construits toute une série de débarcadères pour aider les populations Vezo à valoriser la ressource halieutique sur place. Une chose a été oubliée : le salaire des gens censés y travailler… pour l’instant les belles coquilles restent vides… Seuls les camions des collecteurs passent avec leur glacières.
Nous sommes préoccupés par la sur-pêche dont nous avons été témoins. Les populations semblent croire que la mer est éternelle et que les poissons reviendront. Ils se raréfient, et diminuent en taille, le nombre des pêcheurs augmente. D’année en année, le lagon se vide…
Les gens ne semblent pas s’en inquiéter. Difficile de faire respecter des moratoires, des zones ou des périodes d’interdiction, des réglementations sur la taille ou le maillage des filets, quand ces gens n’ont que cela pour vivre. La sensibilisation trouve vite ses limites face à la réalité….
La piste longe sur 150 km ce lagon Saphir changeant de couleur au gré des marées et du vent du sud.
Tous les 5 km a peu près, un village de pêcheurs Vezo, survit de sa pêche quotidienne dans le lagon.
A Ankaramifoka nous sommes rejoints par notre ami Eric Chartier, fondateur de l’ONG Humada, qui venu avec une idée hotelière s’est transformé en bâtisseur d’écoles, de dispensaires, de puits, d’internats, de citernes… il en a abandonné l’idée d’un hôtel ! mais pas d’avoir des hôtes et amis de passage !
Eric vient deux fois par ans suivre ses chantiers. Il aimerait venir plus, et rester plus. Il ne continue que pour offrir des perspectives d’avenir à tous ces jeunes des villages Vezo, afin qu’ils aient le choix de devenir autre chose que pêcheurs. Cela ne peut se faire que par l’éducation. Aidez le dans ses initiatives : en projet pour cet été : un bloc chirurgical pour le CSBI de Salary. www.humada.org
Ici la citerne de 100m3 de Manombo qu’il a réalisée après un dur conflit avec l’entrepreneur local : malfaçons, détournement de 180 sacs de ciments… alors qu’il s’agit de fournir de l’eau douce à toute la ville. Comment font certains pour dormir sur leurs deux oreilles ? Eric voit plus loin, il sait ce qu’il fait et pour qui il le fait !
A ankaramifoka c’est la première occasion pour les enfants d’avoir de vraies vacances à la plage.
Ulysse, se prêtant toujours volontiers aux fantaisies de sa soeur
les sirènes d’Ankaramifoka !
La famille Nomery active dans les chantiers d’Eric. Honoré, Cytise et Richise !
balades en pirogue dans le lagon.
voiles en sac de riz et coque en faravatra, un balsa en voie de disparition, a faible durabilité 3 à 5 ans max.
Marcher sur les plages, quand c’est possible, est une libération !
Mais les pirogues vont toujours beaucoup plus vite !
Le plus dur c’est de reprendre la piste ! « Mais pourquoi on ne reste pas ? »
Si les Vezo pouvaient habiter sur l’eau ils ne feraient…. la terre ne les intéresse absolument pas !
Mais notre charrette les fascine, ils sont convaincus que c’est une charrette vazaha et ne nous croient pas quand nous leur disons qu’elle est Merina et que nous venons avec des hauts plateaux.
Ils l’appellent la « calèche » !
Les parallèles d’Ankasy, une des merveilles méconnues de Madagascar !
Mystère de la mécanique des fluides…
et des jeux de la lumière dans des granulométries de sables différents.
Quel réconfort de tomber tous les trois ou quatre jours sur des endroits comme celui ci où nous pouvons passer dans le décor.
Dans le crâne d’un cachalot Ulysse imagine la taille des calamars géants dont ils se repaissent !
Laurent Bettex, un autre Suisse descendu des alpages pour vivre sur le sable. Luxe calme et volupté.
chez lui les artistes sont les bernards l’ermite qui toutes les nuits nettoient le restaurant et dessinent des fresques qui ne dépareilleraient pas un jardin zen.
Tous les matins des piroguiers lui livrent de l’eau douce. Chauffée ensuite dans des fours solaires.
En silence, sans nuisance.
Périophthalme : essayez de le dire sans fourcher !
Chiton ? ca se mange.
Cette chose devait exister il y a 1 milliard d’années !
Huitres sauvages
Maraussia, la maitresse des lieux, à la collecte !
Etrange limace de mer, crachant une encre violette.
Bizarrerie bien camouflée dans le sable.
Et déployant dans l’eau d’étrange branches de lichen.
Sur terre les phasmes mimétiques se déguisent en branches.
Nous rencontrons beaucoup de monde autour des puits où nous faisons halte pour abreuver nos zébus. Souvent l’eau est trop salée pour eux ! Que dire pour les enfants, ces myriades d’enfants…
Dans les centres de santé nous distribuons des sachets de spiruline que nous a donné l’évêque de Morondave mgr Marie-Fabien. Ce complément alimentaire est très utile en cas de marasme et de cas de dénutrition infantile. Souvent on ne donne aux bébés que du riz !
sur toute cette côte nous voyons les réalisations de Humada.
Mais le manque de puits ou de pompes se fait cruellement sentir.
La brousse splendide de la côte !
Courage de notre équipe dans le sable mou !
Campements de rêve….
Aubes enchanteresses…
brossage en marchant : ca donne un rythme.
Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre!
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs!
( Cimetière Marin, Paul Valéry)
Leçon de SVT du matin…
Révision du programme en marchant !
Récréation avec Mario, qui nous a adoptés pour la route !
Conférence improvisée dans une école de Manombo !
Où Laurent est venu nous retrouver avec une glacière !
C’est pour eux que Humada.org construit des écoles !
La piste s’élargit , se durcit et s’aplanit…
Nos retrouvailles avec le lagon à Ifaty sont sportives !
Philaé se fait embarquer par Greg, son chevalier servant chevauchant le zéphir et la vague !
J’ai pu y suivre une formation méthodique et prudente entre les mains de Yannick. A la fin de la journée, j’étais fin prêt pour m’envoler pour mon premier Take off dans le soleil couchant !
Salut de la famille Filiu. Georges et Yannick, qui vient d’être papa !
Charrette Jesus !
Mais c’est la nôtre qu’on suit !
les charrettes sont ici très performantes et rapides : 11 personnes emmenées au galop ! Ils ne comprennent pas la lenteur, la lourdeur de la nôtre, et surtout que nous n’y soyons pas assis ! Bizarres ces Vazahas ! Forcément nous transportons des caisses de munitions, des glacières pleines d’organes ou des fagots de bois de rose… Gare aux rumeurs !
rares sont les pauses aussi idylliques.
A Ifaty nous tombons sur une antenne de Madawatt qui nous a offert nos panneaux solaires à Tana !
Pause surréaliste à l’hôtel trois étoiles Le paradisier où nous pensions nous faire jeter en demandant à planter la tente !
Et où la charmante Inès nous offrit un bungalow, et poussa même l’hospitalité à découper la viande d’Ulysse !
Philaé s’est pâmée sur ce petit cygne en pate à choux a la crème !
Revel et Eric se disent que Madatrek c’est quand même un super boulot !
Ulysse est toujours à ses collectes d’insectes !
allez les enfants, on doit reprendre la route !…
Avant Tulear, la commissaire de la ville nous dépêche une escorte, la zone étant troublée par une bande de dahalos.
Nous entrons en toute sécurité dans Tuléar.
Où Eric Pillet de Madawatt vient nous accueillir avec son Buggy du 21e siècle ! Il a racheté une institution locale : Trajectoire qui vend quads, motos, et bateaux.
Philaé ne se fait pas répéter : « tu veux monter à bord ? »
Nous sommes accueillis en fanfare par l’orchestre de Batucada des jeunes de l’ONG Bel Avenir.