Au nord de Brickaville, trois lacs sacrés s’égrènent le long du canal des Pangalanes entre ciel et mer…

Rasoabe, Rasoamasay et Ampitabe… les deux femmes d’un géant, inconciliables mais reliées par un détroit que l’on peut passer à pieds.

A Manambato nous prenons quelques jours de vacances dans le paradis de bons samaritains qui nous ouvrent leur porte, Anne Laure et Christophe Vanier, car nous avons été éprouvés ces dernières semaines.

La baie est magnifique, à « seulement » six heures de Tana.

 

de nombreux lacs s’alanguissent entre les collines de sable.

On nous prête un Swift, dériveur de 1958 dont il ne reste que deux exemplaires à Madagascar.

Histoire de voguer à la voile sur une embarcation plus académique que notre charrette à voile !

et c’est école de voile pour toute la famille !

Pour gagner l’océan a Vavony sur le cordon littoral.

Mais pas question de s’y baigner, il est beaucoup trop dangereux…

Les pêcheurs eux mêmes y risquent leur vie tous les jours et sont roulés par les rouleaux au retour de la pêche. Heureusement leur pêche et leur filet sont bien arrimés dans le sac blanc.

Et c’est un terrible spectacle de les voir se faire rouler dans les rouleaux au retour d’une éprouvante matinée de pêche.

Il faut vider la pirogue pleine d’eau

La mer donne, mais prend aussi de nombreux pêcheurs. Neuf ne sont pas revenus cette année…

Pendant que je prête main forte aux rescapés, Sonia joue avec les enfants du village.

Mais il faut bien songer un jour a reprendre la route, sauf qu’il n’y a plus de route. Nous longeons les berges du lac…

Aventure toute !

Côté lac, on pêche aussi, c’est moins dangereux…

Mais avec des moustiquaires, on hypothèque l’avenir…

Nous parvenons au détroit entre les deux lacs, lieu sacré entre tous. Nous devons y célébrer une cérémonie propitiatoire pour pouvoir passer. Un « Fomba » (prononcez foumba) aux ancêtres et à Zanahary, le Dieu créateur.

Sur une pierre sacrée, « Vato masina », lieu de sanglants sacrifices, le chef traditionnel du village voisin, va invoquer pour nous la clémence de Zanahary en priant et se livrant à une libation de miel et de rhum sur du riz et une pièce de monnaie en guise de sacrifice.

La voie est libre !

préparation de la traversée…

Passage des bagages à dos d’hommes.

Zébus en quarantaine…

Cinéaste sous-marine à la manoeuvre…

et hop ! le détroit est passé, le joug est libre car les zébus doivent tirer la charrette en nageant !

C’est un succès ! Misant sur le fait qu’il n’y aurait pas de résistance vu le flottage, ils ont parfaitement réussi cette nouvelle façon de franchir les « vinany »

Le reste se fait à pieds…

Mais toutes ces émotions ça creuse !

Et c’est reparti les pieds dans l’eau

Ulysse est un fan de l’ilménite, depuis Fort Dauphin et l’exploitation de Rio Tinto.

Sable noir riche en oxyde de titane, dont on se sert pour la peinture et les plastiques.

Mais ici il n’y a que la nature sauvage et la plage !

et bientôt même plus de plage !

Qu’importe, notre charrette n’est elle pas amphibie ?

 

Nous rallions bientôt une piste qui longe le canal des Pangalanes et quitte le lac pour s’enfoncer dans une jungle impénétrable.  Nous devons couper les arbres tombés qui coupent le passage.

la progression est lente et fastidieuse.

Négocier, trous et fondrières…

et récupérer in extremis Babord qui est tombé à la renverse en se coinçant de tout son poids en porte à faux, la patte arrière dans un trou. Nous avons failli le perdre. Séquence émotion forte.

Nous nous remettons de ces émotions a Ampatoamaizina chez le président de Fonkontany.

Et chez Etienne, traducteur Ar-Mada !

Toutes les photos qui précèdent où nous voyez tous les 4 ont été prises par Gabriel de Lépinau, jeune séminariste des MEP, venu marcher quelques jours en notre compagnie.

Dans ce village passe le train de Tamatave Tana, une fois par semaine

Une gare ? Pour quoi faire ? de la dentelle !

Nous reprenons notre routine de bord de mer, car il n’y a pas d’autre voie que ferrée ou fluviale !

c’est parfois étroit, mais ça passe toujours !

Babord, le rescapé a été couronné par Philaé.

Camp du soir sur la plage,

près d’un camp de charbonniers sauvages qui font un carnage sur les filaos qui tiennent la dune littorale.

Et posent des centaines de collets…

Pour se nourrir de pintades pendant qu’ils commettent leur forfait.

Baptisée Castagnette, elle va échapper à la cocotte ! C’est çà la solidarité des gallinacées !

Philaé veut transformer notre charrette en arche de Noé !

Ulysse est circonspect !

Nous engageons le débat sur la survie et la prédation, la culture et la tradition…

L’important est de tout prendre avec le sourire !

Nous arrivons enfin à Andranokoditra, où nous attend Angélique qui tient un hotel sur le lac Ampitabe et nous y invite très généreusement car elle suit Madatrek depuis longtemps ! Elle ne croyait pas possible de nous voir arriver par la plage ! Mais vous le savez ! Impossible n’est pas Poussin !

De mémoire d’homme, c’est la première charrette à jamais pénétrer au village ! et pour cause ! il n’y a pas de piste qui y conduit !

Seul un embarcadère conduit soit à Tamatave, soit à Manambato et dessert le Palmarium, le Pangalanes Jungle Nofy et l’Ankany Nofy !

Nous découvrons avec délices la quiétude du Pangalanes Jungle Nofy

Où Castagnette et Philaé prennent tout de suite leurs quartiers.

Sous le regard bienveillant d’Angélique la bien nommée !

Car Castagnette est en convalescence, sa patte droite bien meurtrie par les collets. Philaé en a désarmé une bonne douzaine et ne parvient pas à se faire à l’idée d’une telle cruauté.

Le jungle Nofy a accueilli un Vari abandonné qui tient à merveille son rôle d’ambassadeur de tous ses congénères sauvages, qu’il ne pourrait en aucun cas retrouver.